Introduction générale
La culture peut être définie comme étant l’ensemble des traditions, des croyances, des modes de pensées, de valeurs propres à une société. Elle peut aussi être considérée comme l’ensemble des manifestations et expressions basées sur la créativité artistique. Ces définitions permettent de relever que les danses, les rites, les cérémonies cultuelles, font partie intégrante de la culture. De ce fait, chaque société a ses pratiques culturelles qui varient d’une population à une autre. A titre d’exemple le culte du do, le culte des masques sont des pratiques que l’on ne retrouve pas dans toutes les sociétés africaines. Dans la quasi-totalité des différents groupes ethniques du Burkina Faso, les pratiques culturelles sont liées au vécu quotidien de l’individu et de la communauté. Elles participent ou contribuent à l’épanouissement de ces derniers en leur inculquant des valeurs socio-culturelles. C’est dans ce registre que s’inscrivent les rites initiatiques dans la société bwaba.
L’initiation peut être définie comme étant « le rite de passage de l’enfance à l’âge adulte marquée par des épreuves physiques et morales souvent pénibles ».[1] En pays bwa ce rite est appelé « leenlo » (littéralement : enlever). Cela pourrait signifier « enlever » l’individu de l’ignorance et par ricochet l’instruire. De ce fait, l’initiation dans la société bwaba permet la transmission des connaissances, de l’expérience des aînés aux générations montantes. Elle participe à inculquer et à développer des valeurs cardinales de la fraternité, à créer un esprit communautaire qui est la forme très poussée de la solidarité. Elle intègre le non-initié dans la société.
Dans un souci de cohérence, il convient d’abord de présenter le pays bwaba, de montrer ensuite comment se déroule l’initiation au do, enfin, de déterminer le rôle et l’importance de cette pratique dans la société traditionnelle bwaba.
I. PRESENTATION DU PAYS BWABA
Les Bwaba seraient au nombre de 1.174.456 habitants d’après le recensement général du Burkina Faso de 1996. Ils sont à cheval entre les Républiques du Mali et du Burkina. Selon les recherches de l’anthropologue Jean Capron, le pays bwa est constitué par une aire étroite et allongée qui s’inscrit obliquement dans un rectangle délimité par les 11° et 14° degrés de latitude nord, et par les 5° et 3° degrés de longitude ouest. Il s’étend de l’est du Mali jusqu’au nord du Burkina Faso entre les fleuves Bani et le Mouhoun. La limite nord-ouest de leur implantation est constituée par le cours supérieur du Bani, affluent du Niger, cependant qu’au sud-est, les villages bwaba les plus excentriques sont situés très près de la frontière de la République du Ghana, sur la rive gauche du Mouhoun.
Au Burkina Faso,les Bwaba vivent à l’ouest du Burkina Faso et sont entourés à l’est par les Marka-Dafing et à l’ouest par les Bobo. Au sud-est, on retrouve les ethnies regroupées sous le nom de « Gourounsi ».
Jusqu’à une époque récente, les populations bwaba étaient connues dans la littérature ethnologique sous des vocables divers dont le seul dénominateur commun semblait être l’appellation générale Bobo. EIles étaient aussi connues sous la dénomination « Niénigué », terme bambara qui signifierait « face sculptée », ceux qui portent des scarifications faciales. EIles ont été souvent appélées en dioula, Bobo-oulé (Bobo rouges), par opposition au Bobo-fing (Bobo noirs) leurs voisins, qu’on nomme Bobo. La langue est appélée bobo-oulé ou bwamu. Bwani est le singulier et bwaba serait le pluriel ; bwamu désignerait à la fois la langue et le peuple ou le pays.
Les linguistes classent le bwamu dans les langues du type gur. Les Bwaba éprouvent souvent des difficultés à communiquer entre eux à cause des multiples dialectes (environ 9 ) que compte cette ethnie. Mais cela n’enlève pas en eux le sentiment d’appartenir à une même grande famille.
Il ressort que l’origine des Bwaba demeure inconnue. Cependant différents chercheurs reconnaîssent que les populations bwaba sont les plus anciennement installées au Burkina Faso. Ainsi Joseph Fioro BICABA affirme que : « pour Monteil et Ciré Ba Birahim, leur existence est reconnue au IXème siècle. [ …] Au témoignage de Delafosse, ils auraient toujours occupé leur territoire actuel. Et les Dagara du Nord de Diébougou,au dire du même auteur, reconnaissent qu’à l’arrivée de leurs ancêtres dans la région, les Bwaba l’occcupaient. »[2]
Selon les propos de Jean CAPRON, les Bwaba qui font partie du groupe des peuples enfermés dans la boucle du Niger, ont vécu en marge, non de l’histoire, mais des évènements de cette histoire. Ils sont démeurés à l’écart des mouvements politiques qui, tant au Soudan qu’au Burkina Faso, aboutirent à la formation d’Etats centralisés. C’est l’une des caractéristiques essentielles du comportement politique bwa. Les Bwaba ne se sont jamais constitués un royaume. Ils n’ont dominé personne, et ils n’ont jamais subi la colonisation permanente de quelque autre groupe ethnique. Par la révolte de 1915-1916, ils se sont rendu célèbres et Jean Capron la décrit en ces termes :« La révolte gagne rapidement tout le pays de l’extérieur de la boucle […]; c’est là l’aboutissement d’une prise de conscience politique, le sursaut d’un peuple pour qui la reconquête de l’indépendance représente la seule chance d’être lui-même, d’exister en tant que peuple »[3].
La communauté villageoise bwa comportent trois castes : les cultivateurs appelés bwaba (singulier bwani), les forgerons dénommés khani ( singulier khanii), les griots appelés kakaba (singulier kakanii). Chaque groupe assume un rôle social spécifique au sein de la communauté. Le forgeron a une fonction pivot. En effet, s’il maîtrise l’art de la forge, l’art de la sculpture sur bois, il exerce une fonction rituelle, proche de la terre : creuser les puits et ensevellir les morts. L’importance du forgeron dans la société bwaba résulte du fait que les bwaba vouent un culte à do,fils du dieu suprême Dobeni, incarnation de la nature à l’état sauvage. Proche de la terre,le forgeron demeure le meilleur intercesseur entre do et les hommes. C’est ce qui explique sa présence conciliatrice dans toutes les querelles sociales.
Si la vocation du forgeron s’épanouit dans le silence, celle du griot appelle le bruit et l’agitation. Historien et musicien professionnel de la communauté, le griot se trouve mêlé à tous les actes de la vie sociale : naissances, mariages, funérailles, rites initiatiques,etc. Il s’adonne également à l’artisanat du textile (filer le coton).
Au-délà de cette structuration ces groupes demeurent les mêmes; leur activité principale demeure l’agriculture de nos jours.
Le village est dirigé par un chef de terre (tini bè) qui règne à vie. A sa mort, il est remplacé par un des membres de sa famille désigné par le conseil des sages.
Le chef de terre est le garant de l’intégrité du territoire villageois. Il assure la libre circulation des personnes et des biens et la paix intérieure. Le chef de terre intervient dans les querelles foncières opposant ses compatriotes aux cultivateurs des villages limitrophes. De même lorsqu’un étranger désire ouvrir un champ sur le territoire , il doit, avant toute démarche, obtenir l’autorisation du chef de terre, ou du gestionnaire délégué quel que soit le type d’appropriation foncière qui prévaut à l’extérieur de la communauté villageoise définie comme corps politique constitué.
Pour cette société démocratique, le chef de terre exerce son pouvoir politique et religieux de concert avec les membres du conseil de famille dont les points de vue sont indispensables pour toute prise de décision. Ces membres du conseil consultent même les membres de leurs familles pour donner un avis dont les conclusions pourront être respectées par l’ensemble. Cependant, un chef qui négligerait systématiquement les avis des membres du conseil ne saurait maintenir son autorité très longtemps.
La famille chez les Bwaba est de régime patrilinéaire. Joseph Fioro BICABA affirme que le chef de la grande famille n’a pas un pouvoir autoritaire comme dans d’autres ethnies. Le terme « chef » qui exprime l’autorité ou la soumission est rare dans le vocabulaire bwa. Ce faisant le chef de la grande famille est « zin nikile » (le vieux de la famille ou de la maison), le papa « maa » représente les ancêtres « maaba ». Quant au chef de la famille nucléaire, il est appelé « zin banso » (le propriétaire de la maison) celui dont relève le foyer : femmes et enfants.
Il convient de noter que les parents maternels « oncles maternels » : nièba, ont un grand pouvoir sur leur gendre et sa famille. C’est ce que déclare Joseph Fioro BICABA « la femme, même après le mariage, relève toujours de ses parents et garde les obligations religieuses (par exemple le totem) et les privilèges de sa famille d’origine. »[1]
Le bwani croit en un Dieu tout puissant : Dofini (Dobeni). Pour l’atteindre, il doit passer par des intermédiaires que sont les ancêtres (nansia) et les génies. A juste titre, Nazi Boni affirmait : « Les bwawa vivaient dans la magique ambiance de tous ces êtres invisibles, mystérieux, qui peuplaient l’univers et auxquels leur prodigieuse imagination attribuait les formes les plus variées ».[2] Les Bwaba ont des cultes religieux claniques ou individuels. Cependant, le culte du do est fédérateur des villages Bwa. Le culte du do apparaît comme la clé de voute de la cosmogonie bwa et le moteur de la vie sociale et religieuse de la communauté. C’est l’appartenance au do par l’initiation qui donne conscience à l’individu d’être membre de la société, celle des vivants et des ancêtres. Il veille alors au fonctionnement harmonieux des rapports sociaux, condition d’une vie communautaire paisible. Dans la même perspective, Claude Roy déclare que le do est « une force de cohésion prépondérante dans la communauté traditionnelle. »[3].
De ce qui précède, nous pouvons dire que le do se trouve à la source de toutes les institutions qui fondent la société humaine. Les rituels d’initiation au do marquent la sortie des masques. La présence du do et du masque interdit tout conflit et discorde. Ainsi l’initiation au do constitue la principale cérémonie d’initiation chez les Bwaba. Quand bien des initiations de type individuel existent. Cependant, elles sont peu développées au regard de l’organisation de type communautaire qui pèse sur l’individu.
[1] Joseph Fioro BICABA, op.cit, p.13
[2] Nazi Boni, Crépuscules des temps anciens, Présence Africaine, 1962, p.28
[3] http : // www.culture.gouv.fr/ma/fr/bwa.html
[1] Maquet J. cité par Blegma Domba, Les masques dans la société marka de Fobiri et ses environs Origines-culte- art, mémoire de maîtrise, Université de Ouagadougou, 1986, p.89
[2] Joseph Fioro BICABA. –Yumu Célébration de la mort et de la vie chez les BWABA. – mémoire, 1975, p.11
[3] Jean Capron. –Communautés villageoises bwa Mali-Haute-Volta. – Paris : Louis Jean à Cap, 1973, pp .100-101
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